- SIKHS
- SIKHSDans une foule indienne, les Sikhs orthodoxes sont facilement reconnaissables à leur turban et à leur barbe. Toutefois, bien que la crise qui secoue le Panj b depuis 1980 ait contribué à attirer l’attention sur eux, leur histoire et leur religion restent souvent mal connues. Les Sikhs ne forment que 1,9 p. 100 de la population indienne. 80 p. 100 d’entre eux vivent dans le Panj b, où ils sont légèrement plus nombreux que les Hindous. Ils ont largement contribué à en faire le grenier de l’Inde et son État le plus prospère: avec près de cinquante millions de tonnes de céréales par an, le Panj b assure plus du quart de la production indienne. Les événements récents et leur relation par les médias ont pu donner des Sikhs l’image de fanatiques. Pour l’immense majorité d’entre eux, il n’en est rien. Ils sont intégrés, souvent à un très haut niveau, dans tous les secteurs de la vie indienne: agriculture, industrie, transports, arts, éducation, armée, politique, etc. Leur religion est empreinte d’un idéal d’égalité, de tolérance et de service, et ils entendent rester fidèles à leur devise: kirt kam o, va ユボ chako, n m j po (« accomplis ton travail, partages-en le fruit et médite sur le Nom »). Hors de l’Inde, d’importants groupes d’immigrés sikhs se rencontrent au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Kenya, en Malaisie, en Thaïlande, à Singapour et à Hong Kong.L’histoire des Sikhs est liée à celle du Panj b, la grande plaine de l’Indus et de ses affluents de rive gauche, aujourd’hui partagée entre l’Inde et le Pakistan. Sa richesse, sa situation stratégique entre la Khaybar Pass et Delhi, au carrefour d’importantes routes commerciales, ont valu au Panj b une histoire tourmentée. Les Sikhs, depuis cinq siècles, en ont été partie prenante, et l’évolution de leur religion est liée aux vicissitudes de leur passé. Celui-ci constitue pour eux un vaste réservoir de références et de symboles, selon lesquels ils traduisent tous les changements politiques et sociaux au Panj b.L’époque des gur size=5L’histoire des Sikhs les rattache aux disciples de N nak, prédicateur mystique qui vécut dans le Panj b de 1469 à 1539. N nak, né dans la caste commerçante des khatr 稜, avait entrepris de longues pérégrinations à la suite d’une illumination mystique puis avait créé le village de Kart rpur au bord de la R v 稜. Là, il rassembla autour de lui un groupe de « disciples » (sikh s), qui formaient le N nak Panth (la « Voie de N nak »).Il ne créa pas proprement une religion nouvelle; mais il élabora l’expression la plus claire et la plus achevée de la doctrine des sant , mystiques errants de la « tradition du Dieu sans attributs » (sanskr.: nirgu ユa sa ュprad ya ) qui prêchaient la dévotion au Dieu suprême et la méditation sur son nom, et n’avaient pour rituel que le chant d’hymnes de louanges. Leur tradition était proche de la bhakti vishnouïte, mais avait été fortement influencée par le yoga tantrique des n th, bien implantés au Panj b. Dans la religion de ces derniers se mêlaient enseignement shivaïte et pratiques héritées du bouddhisme tantrique. Au cœur de l’enseignement de N nak se trouve la foi en un Dieu unique, révélé par sa création: le vrai Gur (satigur ). Ce Dieu est tout-puissant (samarathu ), infini (ap ru ), éternel (ak lu ), sans forme ni attributs (nira face="EU Updot" 臘k ru , niragu ユu ), inconnaissable et ineffable (ag hu , akathu ), omniprésent (bharap ri ). À la fois extérieur à l’homme et présent en lui, il peut lui manifester sa grâce (karamu , nadari ) et le faire accéder ainsi à la vérité (saccu ).Sans cette grâce, l’homme poursuit sa quête du salut sous la direction de mauvais maîtres et en se livrant à des pratiques qui, telles le yoga ou l’ascétisme, le lie davantage encore à la roue de la transmigration. L’homme ne peut se défaire de son illusion (m i ) concernant la voie du salut et parvenir à la délivrance (mukati ) qu’en écoutant en son cœur la voix de Dieu, appelée gur par N nak, murmurer le mot (sabadu ). Ce dernier lui révèle l’ordre divin (hukamu ), qui est tout à la fois le principe de l’harmonie universelle et l’indication d’un salut possible. Pour entendre cet ordre, l’homme doit purifier sa propre essence spirituelle (manu ), car son « moi » (haumai ) est prisonnier de la vie matérielle et de ses fautes. Aussi N nak lui propose-t-il une discipline (sañjamu ), qui n’a de valeur que dans un parfait amour de Dieu. Cela consiste principalement en la remémoration (simara ユa ) et la répétition (japu ) du Nom divin (n mu ). L’homme peut ainsi obéir à l’ordre, et s’élever graduellement à travers cinq royaumes mystiques (kha ユボu ). Le dernier est celui de la vérité, et lorsque l’homme y accède, son manu régénéré se fond en Dieu dans une suprême béatitude (sahaju ).Par la suite, la fonction du gur fut attribuée par les Sikhs à N nak lui-même, puis à ses neuf successeurs humains, torches porteuses de la flamme unique qui s’était allumée en lui. N nak insistait sur le chant d’hymnes en congrégation, le rejet des distinctions de caste et les repas en commun. Ses successeurs renforcèrent la cohésion du Panth par de nouvelles institutions. La tradition attribue au premier, A face="EU Updot" 臘gad (1504-1552), l’invention de l’écriture gurmukh 稜 dans laquelle sont notés les textes religieux des Sikhs et dans laquelle ils écrivent le panj b 稜. Le troisième gur , Amar D s (1479-1574), dota le Panth d’une organisation financière et territoriale, et d’un recueil qui comprenait, outre ses propres compositions et celles des deux premiers gur , des poèmes sant et soufis. Il fit creuser à Goindv l, le village où il siégeait, un puits sacré, qui devint un lieu de pèlerinage pour les Sikhs. Arjan (1463-1606), le cinquième gur , fit construire le Temple d’or d’Amritsar, appelé Hari Mandir. Ajoutant au recueil d’Amar D s ses propres hymnes et ceux de son père, Gur R m D s (1534-1581), il compila, en 1603-1604, une première version de l’ di Granth (Livre premier ), livre sacré des Sikhs. Il fonda plusieurs villages en territoire j t.Les j t, anciens éleveurs nomades, étaient des agriculteurs de tradition martiale et égalitaire, dont le mode de vie et les valeurs jouèrent un grand rôle dans l’évolution du Panth. Ils avaient commencé à le rejoindre en masse dès l’époque du troisième gur et étaient en conflit avec le pouvoir moghol. L’assassinat de Gur Arjan sur ordre de l’empereur Jah ng 稜r fut suivi d’une longue période d’affrontements entre j t sikhs et troupes impériales. Le fils et successeur d’Arjan, Gur Hargobind (1595-1644), institutionnalisa la militarisation du Panth. Il siégeait en armes sur son trône et fit construire, en face du Hari Mandir, l’Ak l Taxt (Trône éternel), siège du pouvoir spirituel et temporel. En 1634, il décida de quitter les plaines pour le village plus sûr de Kart rpur, dans les collines des えiv lik, où ses successeurs passèrent le plus clair de leur temps.Les えiv lik étaient une place forte du culte de la Déesse à l’épée (Dev 稜 ), qui influa alors fortement sur la culture sikhe, déjà marquée par l’idéal martial des j t. Ce changement est particulièrement évident dans les écrits attribués au dixième et dernier gur , Gobind (1666-1708). Dieu y est régulièrement appelé sarab-loh (Tout-Acier) et adoré sous la forme de l’épée, et plusieurs poèmes font allusion aux exploits de la Déesse. En outre, la tradition attribue à Gur Gobind la création d’une nouvelle fraternité. En 1699, lors de leur rassemblement annuel à nandpur pour la fête du nouvel an (Bais kh 稜 ), le gur s’adressa solennellement à ses disciples. L’épée à la main, il demanda lesquels d’entre eux seraient prêts à donner leur vie pour lui. Après un instant, un Sikh s’avança. Il fut conduit à la tente du gur , d’où celui-ci ressortit seul, son épée maculée de sang. La même scène se répéta avec quatre autres Sikhs, après quoi les cinq volontaires furent montrés vivants à la foule: des chèvres avaient été égorgées à leur place. Le gur les baptisa avec un « nectar d’immortalité » (ammritu ) remué avec son épée. Il déclara que les « Cinq Aimés »(Pañj Pi re) formaient le noyau du Kh ls (rassemblement des « Purs »), nouvelle fraternité armée et égalitaire: des Pañj Pi re, trois étaient ご dra (membres de la plus basse classe hindoue), un j t et un khatr 稜 . Ils oignirent à leur tour le gur , et ces baptêmes (p uhal ) furent suivis de milliers d’autres. Puis le gur institua un nouveau code de discipline et imposa aux Sikhs du Kh ls des symboles distinctifs. Le tabac, la viande d’animaux tués selon le rite musulman et les rapports sexuels avec des musulmanes étaient désormais interdits. Les membres du Kh ls arboreraient cinq symboles, dits les « cinq k » (pañj kakke ): les cheveux (et la barbe) non coupés (kes ) et retenus par un peigne (ka face="EU Updot" 臘gh ), une épée (kirp n ), un bracelet de métal (ka リ ) et une culotte courte (kacch ). Les hommes ajouteraient Si face="EU Updot" 臘gh (Lion) à leur nom, et les femmes, admises dans le Kh ls , Kaur (Princesse) au leur. Le Panth inclurait également les Sahajdh r 稜 (Tenants de la facilité), Sikhs qui ne font pas leur le code du Kh ls .En outre, ses quatre fils étant morts aux mains des Moghols, Gur Gobind Si face="EU Updot" 臘gh déclara qu’après lui la fonction et l’autorité du gur passeraient conjointement dans le Livre, désormais appelé Gur Granth S hib , et dans le Kh ls assemblé (Gur Panth). Au Granth , il avait ajouté les compositions de son père, Gur Teg Bah dar (1621-1675). Ces changements furent déterminants pour l’avenir de la communauté et résultent d’une longue évolution. Ainsi, les cheveux longs étaient une coutume des j t, et le port de l’épée renvoie à leur culture et au culte de la Dev 稜. Quant aux diverses interdictions, elles évoquent la confrontation croissante des Sikhs avec les musulmans au XVIIIe siècle.Du royaume sikh du Panj size=5b à la période contemporaineAprès la mort du dernier gur , les Sikhs propagèrent, sous la conduite de Band Bah dar (1670-1716), des révoltes paysannes contre le pouvoir moghol. Ce dernier écrasa le soulèvement et mit les Sikhs à mal jusqu’aux invasions afghanes de N dir え h (1738) et d’Ah ュad Š h Durr n 稜 (1747-1769). Dans cette tourmente, les Sikhs, d’abord dispersés, s’organisèrent en douze bandes de guérilla « égales » (misal). Les décisions concernant le Kh ls étaient alors prises par une assemblée de délégués des misal en présence de l’ di Granth . On a pu rattacher à cette pratique le dogme de l’autorité conjointe du Gur Granth et du Gur Panth.A ムmad え h, qui battit les Moghols et les Marathes, présentait ses incursions en Inde comme une guerre sainte islamique. Le caractère religieux de la résistance des Sikhs s’en trouva renforcé. À la faveur des troubles qui bouleversaient l’Inde du Nord, ils se rendirent graduellement maîtres de tout le Panj b. En 1799, Rañjit Si face="EU Updot" 臘gh, s’étant assuré le contrôle des misal, y fonda un royaume sikh, qui dura jusqu’à la conquête britannique de 1849. Il mit fin aux assemblées militaro-politiques du Kh ls , et le dogme du Gur Panth tomba en désuétude, au profit de l’autorité exclusive du Gur Granth. C’est cette situation qui a prévalu jusqu’à nos jours.En 1800, Rañjit Si face="EU Updot" 臘gh prit le titre de Mah r j . Les quarante années de son règne furent glorieuses pour les Sikhs. Leurs armées étendirent les frontières du royaume du Panj b en territoire afghan à l’ouest, au Cachemire et même jusqu’à Lhasa au Tibet vers le nord. Vers l’est, leur poussée fut limitée par les Britanniques, qui contrôlaient certains États sikhs, comme Patiala.Rañjit Si face="EU Updot" 臘gh, surnommé le Lion du Panj b, fut un souverain habile. Il organisa une armée puissante, employant à cette fin des officiers européens, français notamment, tels Jean-Baptiste Ventura et Jean-François Allard qui avaient servi dans l’armée napoléonienne. Il créa également une administration stable. Le royaume put ainsi préserver son indépendance, et le nombre des Sikhs s’accroître. Les institutions sikhes, et tout particulièrement le Temple d’Or d’Amritsar, bénéficièrent largement du patronage royal. Mais, après la mort de Rañjit Si face="EU Updot" 臘gh, les prétendants au trône se disputèrent le pouvoir. Les intrigues qui opposaient les différentes factions permirent aux Britanniques d’intervenir et de conquérir le Panj b après deux guerres acharnées (1845-1846, 1848-1849).Au cours des dix années chaotiques qui avaient suivi la disparition de Rañjit Si face="EU Updot" 臘gh, l’orthodoxie religieuse et la cohésion du Panth s’étaient relâchées à un point tel que la réabsorption du sikhisme dans l’hindouisme semblait inéluctable. Mais la politique des Britanniques après l’annexion du Panj b et la position de petite minorité des Sikhs dans l’Inde colonisée en décidèrent autrement. Leur loyauté, lors de la révolte des cipayes en 1857, valut aux Sikhs un recrutement préférentiel dans l’armée, où les Britanniques leur demandèrent d’observer les symboles et le code du Kh ls . D’autre part, leurs qualités d’agriculteurs firent d’eux les principaux bénéficiaires de l’ouverture des Canal Colonies à partir de 1880. Enfin, l’activité des missionnaires chrétiens et des propagandistes hindous de l’ ry Sam j poussa l’élite urbaine des Sikhs à s’organiser dans la Si face="EU Updot" 臘gh Sabh (société des Lions). Le but de cette association était la réforme religieuse, sociale et éducative du Panth, afin de redonner aux Sikhs leur identité.Cette identité, les Sikhs eurent l’occasion de l’affirmer dans leur confrontation croissante avec les Britanniques au lendemain de la Première Guerre mondiale et du massacre par l’armée des participants à un rassemblement non violent à Amritsar en 1919. L’affrontement culmina lorsque les Sikhs reprirent aux mahant , officiants à demi hindouisés et corrompus, soutenus par les Britanniques, la gestion de leurs temples (gurdv r , porte du Gur ). La victoire fut obtenue en 1925 grâce à une nouvelle organisation, l’Ak l 稜 Dal (armée de l’Éternel). L’Ak l 稜 Dal a remporté jusqu’à nos jours les élections qui lui permettent de contrôler le えiroma ユ 稜 Gurdv r Prabandhak Kame レ 稜 (S.G.P.C., comité central d’administration des gurdv r ), chargé de la gestion des revenus considérables de tous les gurdv r du Panj b.Les Sikhs, entrés en masse dans le mouvement national, tentèrent jusqu’au bout de s’opposer à la partition. Après les émeutes qui accompagnèrent la division du Panj b, deux millions cinq cent mille d’entre eux durent quitter le Pakistan pour l’Inde. L’Ak l 稜 Dal, devenu un parti de propriétaires terriens, fut le fer de lance de la lutte pour la création d’un État indien du Panj b à majorité sikhe et de langue nationale panj b 稜. Il obtint gain de cause en 1966.Depuis lors, la situation a évolué en fonction des résultats électoraux. Quand, en 1967 et 1977, l’Ak l 稜 Dal a remporté les élections à la tête de coalitions anti-Congrès, il s’est montré modéré dans ses exigences et capable de contrôler son aile radicale. En revanche, après les victoires du Congrès en 1972 et 1980, il a subi l’influence de ses radicaux et des groupes extrémistes, et mené de vastes campagnes d’agitation (morc ).La crise qui s’est développée depuis 1980 semble pour l’instant sans issue. Elle résulte des transformations qui ont affecté le Panj b depuis la « révolution verte » des années 1960-1970. Le développement du capitalisme agricole a réduit le nombre des propriétaires aisés et, partant, la base sociale de l’Ak l 稜 Dal. Il a favorisé l’émigration de nombreux Sikhs et l’installation dans le Panj b d’une main-d’œuvre hindoue bon marché, venue des régions les plus pauvres de l’Inde du Nord. L’électorat potentiel du Congrès et des Partis communistes s’en est trouvé considérablement accru, et les extrémismes politiques et religieux se sont développés.L’Ak l 稜 Dal est désormais dans une situation délicate. Pour garder sa base rurale aisée, il lui faut éviter d’apparaître comme un parti compromis avec ceux qui réclament la création d’un État sikh indépendant (le Kh list n). Pour rester un grand parti régional, il lui faut mettre en avant des revendications qui concernent tous les Panj b 稜. C’est pourquoi il réclame, depuis l’Anandpur Sahib Resolution de 1973, le contrôle des eaux et de l’énergie hydro-électrique du Panj b par le gouvernement régional, et l’implantation d’industries lourdes dans l’État. Mais la même Resolution met en avant des revendications propres aux seuls Sikhs, comme l’élévation d’Amritsar au rang de ville sainte et l’attribution au S.G.P.C. de l’administration de tous les gurdv r de l’Inde. Car l’Ak l 稜 Dal doit jouer des sentiments religieux des Sikhs et du mécontentement d’un grand nombre d’entre eux. Ces sentiments ont été exacerbés après que l’armée, en juin 1984, eut donné l’assaut au Temple d’Or, où s’étaient retranchés les extrémistes, et après les massacres de Sikhs qui suivirent l’assassinat d’Indira Gandhi en octobre de la même année. En juin 1985, le dirigeant ak l 稜 modéré Longov l signa bien avec le Premier ministre Rajiv Gandhi un accord sur des élections au Panj b, assorti de certaines concessions de la part du gouvernement central. Mais il fut assassiné deux mois plus tard. Et le gouvernement ak l 稜 issu des élections tenues malgré tout en septembre 1985 n’a pu mettre un terme à la crise ni au terrorisme, qui a déjà causé quelque dix mille morts. Il a été remplacé par la President’s Rule (administration directe de l’État par New Delhi) en mai 1987.Textes sacrés et littératureLe premier livre sacré des Sikhs, l’ di Granth , consiste principalement en hymnes écrits par les cinq premiers gur et par le neuvième, classés selon leur mode musical. Il inclut des compositions de poètes sant et soufis, tels que N mdev, Kab 稜r et Far 稜d. L’édition standard de l’ di Granth compte mille quatre cent trente pages. L’introduction commence par le m la mantru (« formule fondamentale ») de la foi sikhe, suivi du japu-j 稜 (« la sainte prière »), long poème dans lequel N nak a résumé son enseignement. La masse de l’ouvrage est consacrée aux hymnes, classés d’abord selon le r gu (« motif musical ») sur lequel on les chante, puis selon leur longueur et leur nature, et enfin selon leur auteur, en commençant par N nak et ses successeurs et en finissant par les Bhagats (N mdev, Kab 稜r, etc.). La description des r gu est donnée dans un appendice final, la R ga-m l (« Guirlande des r gu »). La langue de base de l’ di Granth , qui est noté en gurumukh 稜 , est un idiome littéraire mêlé, avec un élément vieux hind 稜 dominant et une composante vieux panj b 稜 non négligeable. Certains hymnes sont en outre émaillés d’emprunts au panj b 稜 du sud-ouest, au persan, au braj, au sanskrit. Dans le Dasam Granth (Livre du Dixième ), second livre sacré des Sikhs, les quelques écrits attribuables au dixième gur voisinent avec divers hymnes de dévotion et des légendes empruntées à la tradition hindoue. Il fut rédigé en langue braj, une trentaine d’années après la mort du gur . D’autres textes sont vénérés, tels les hagiographies de Gur Nan k (Janam S kh 稜 ) et les poèmes de Bh 稜 Gurd s (mort en 1633).Du XVIIe siècle au milieu du XIXe, les Sikhs contribuèrent de façon importante à la poésie narrative traditionnelle en panj b 稜, dont les deux principaux genres sont la v r et le kiss (ar.-pers. qi ルルa ). Les v r sont à l’origine des poèmes héroïques qui chantent les hauts faits de chefs tribaux. Bh 稜 Gurd s consacra pour sa part plusieurs v r à des épisodes de la vie des premiers gur sikhs. La Ca ユボ 稜 k 稜 v r de Gur Gobind, incluse dans le Dasam Granth , chante les exploits de la déesse (Dev 稜, Durg ) symbolisée par l’épée. Au XVIIIe siècle, nombre de v r eurent pour sujet le conflit des Hindous et des Sikhs avec les gouverneurs moghols du Panj b, ainsi la V r Hak 稜kat R 稜 d’ gr Si face="EU Updot" 臘gh.Les kiss sont des lais qui racontent l’histoire d’amours contrariées par les barrières tribales et sociales, et leur dénouement est généralement tragique, comme dans l’histoire de Sass 稜 et Punn racontée par Sev Si face="EU Updot" 臘gh. Une autre forme abondamment pratiquée à l’époque était le b r m h , poème des « douze mois », dans lequel Kesar Si face="EU Updot" 臘gh, par exemple, raconta l’histoire d’un amour brisé qu’il vécut lors d’un voyage dans les collines du Jamm .À la fin du XIXe siècle, les progrès de l’éducation de type européen, le développement des moyens de communication, de l’imprimerie et de la presse, ainsi que l’influence des littératures européenne, ourdou, hind 稜 et beng l 稜 modifièrent profondément les conditions de la production littéraire dans le Panj b. Missions chrétiennes et organisations hindoues, mulsulmanes et sikhes de réforme religieuse se lancèrent dans une grande activité de publication. Elles diffusaient notamment des opuscules où étaient contées des histoires édifiantes. Celles des Sikhs, écrites en panj b 稜 et généralement tirées de l’hagiographie des gur , étaient produites par les membres de la Si face="EU Updot" 臘gh Sabh , tel Bh 稜 V 稜r Si face="EU Updot" 臘gh, notable issu d’une famille de riches propriétaires. Son œuvre immense et multiforme domine la littérature sikhe en panj b 稜 du XXe siècle. Ses épisodes des vies de Gur N nak et Gur Gobind furent repris plus tard en deux volumes d’environ mille pages chacun. C’est également sous forme d’épisodes séparés qu’il publia les premières fictions panj b 稜 en prose: Sundar 稜 (1898), Bijai Si face="EU Updot" 臘gh (1899) et Satvant Kaur (1900). Cette trilogie historique est consacrée aux hauts faits de trois héroïnes sikhes dans la lutte contre les musulmans au XVIIIe siècle. Avec B b Naudh Si face="EU Updot" 臘gh (1921), qui a pour héros un réformateur sikh, ces œuvres contribuèrent au mythe d’une communauté sikhe puissante, autonome, fière de son identité et attachée à ses valeurs traditionnelles. Sur le mode lyrique, ses poèmes des années 1920, inspirés des formes et des techniques européennes, chantent une nature abstraite, dont la beauté manifeste l’essence divine.Les poèmes de P ran Si face="EU Updot" 臘gh (1881-1931) sont eux aussi inspirés d’une vision mystique du monde. Mais, écrits en vers libres, ils sont consacrés à la vie et au folklore panj b 稜 et à la gloire des Sikhs. Dans ceux de Dhan 稜 R m C trik (1876-1954), qui fut rapidement influencé par l’idéologie gandhienne, les chansons des travaux et des jours côtoient de vibrants appels à l’harmonie des diverses communautés. Au réalisme Caran Si face="EU Updot" 臘gh えah 稜d (1891-1935) adjoint la satire. Dans son livre Hasde hañjh (« Larmes de rire », 1933) se côtoient nouvelles, poèmes et courts drames qui s’en prennent à tout ce que la société panj b 稜 de l’époque comporte de dérisoire, de mesquin, mais aussi de conflictuel et de tragique.Plusieurs successeurs de ces pionniers de la littérature sikhe moderne subirent l’influence de Gandhi. Ainsi le poète Mohan Si face="EU Updot" 臘gh, les nouvellistes et romanciers N nak Si face="EU Updot" 臘gh, Gurbax ご Si face="EU Updot" 臘gh et Kart r Si face="EU Updot" 臘gh Duggal dénoncèrent les maux de la société indienne dans l’espoir de susciter une « conversion du cœur ». À la veille de la partition, Sant Si face="EU Updot" 臘gh Sekhõ (Sam c r , « Informations », nouvelles, 1943) et Surindar Si face="EU Updot" 臘gh Nar l (Pio puttar , « Père et fils », roman, 1946) introduisirent dans la nouvelle et le roman une « polyphonie » de consciences indépendantes. Sous l’influence du mouvement progressiste, des œuvres inspirées par le marxisme firent leur apparition. Elles dominent la littérature sikhe des années 1950-1960 (N nak Si face="EU Updot" 臘gh, Sant Si face="EU Updot" 臘gh Sekhõ, Surindar Si face="EU Updot" 臘gh Nar l , Jasvant Si face="EU Updot" 臘gh Kamval, Santokh Si face="EU Updot" 臘gh Dh 稜r). Depuis, l’évolution s’est encore accélérée. De nouveaux auteurs se sont révélés, notamment des femmes (Amrit Pr 稜tam, Dal 稜p Kaur ヘiv ユ , Aj 稜t Kaur). De nouvelles influences occidentales (Joyce, la psychanalyse, l’existentialisme, etc.) imprègnent leurs œuvres. Enfin, certains écrivains sikhs ont écrit leur œuvre en anglais (Khushvant Si face="EU Updot" 臘gh) ou en ourdou (Rajindar Si face="EU Updot" 臘gh Bed 稜), à cause de leur éducation et pour toucher un plus vaste public.Pratiques et cérémonies religieusesEn ce qui concerne les pratiques des Sikhs, on ne saurait trop insister sur la place prééminente qu’y tient le Gur Granth S hib . Un espace doit être aménagé pour lui dans chaque maison sikhe. Dans le gurdv r , il repose sur une sorte de petit autel, sous un baldaquin. On s’incline révérentieusement devant lui et l’on s’assied plus bas que son support. On le drape d’une étoffe quand il ne sert pas; et, quand on le lit, un officiant le protège des impuretés en agitant un éventail. On ne le transporte que sur la tête. Tout Sikh doit en lire un passage par jour, et il est souhaitable de l’avoir lu au moins une fois en entier durant sa vie.Outre la méditation sur le Nom, qui est l’acte pieux par excellence, la vie religieuse des Sikhs est réglée par un « code de conduite » hérité du XVIIIe siècle et formalisé par le S.G.P.C. en 1945.Un Sikh est ainsi censé prier trois fois par jour: tôt le matin, le soir et avant de se coucher. Les textes de ces prières sont tirés du Gur Granth S hib et du Dasam Granth . Un Sikh doit également se rendre aussi souvent que possible au gurdv r et y participer aux prières collectives. Enfin, il se doit d’être au service (sev ) de la communauté.Le Gur Granth S hib est au cœur des quatre principales cérémonies sikhes: le choix d’un nom, l’initiation dans le Kh ls , le mariage et la crémation. Pour choisir le nom d’un enfant, on ouvre le Granth au hasard et le premier mot de la page de gauche est lu aux parents. Ceux-ci donnent alors à leur enfant un nom dont la première lettre soit la même que celle de ce mot. L’initiation dans le Kh ls commence par l’ouverture solennelle du Granth et s’effectue selon le modèle du baptême de Gur Gobind par les Pañj Pi re. Des passages du Granth sont lus à l’issue de la cérémonie. Le mariage aussi est célébré en présence du Gur Granth S hib , devant lequel les nouveaux conjoints se prosternent pour signifier leur consentement. Le livre est ensuite orné de guirlandes, avant qu’ils n’en fassent plusieurs circumambulations, au fur et à mesure que leur sont lus les vers de l’hymne composé par Gur R m D s pour le mariage de sa fille ( di Granth , p. 773). À l’occasion d’un décès, après la crémation, la famille du défunt procède à une lecture intégrale du Gur Granth S hib , soit d’un trait, en quarante-huit heures, soit de façon fractionnée, au cours d’une période de dix jours.Enfin, les Sikhs célèbrent plusieurs festivals, empruntés à la tradition hindoue: Baisakh 稜 et Div l 稜, depuis le temps de Gur Amar D s, et Hol 稜, ajouté par Gur Gobind Si face="EU Updot" 臘gh. Ils fêtent, en outre, les anniversaires de Gur N nak et de Gur Gobind Si face="EU Updot" 臘gh, et commémorent le martyre de Gur Arjan, de Gur Teg Bah dur et des quatre fils du dernier gur .Castes et sectesLe sikhisme, en théorie, ignore les distinctions de caste. Néanmoins, des considérations de prestige et de statut liées à la caste survivent dans le Panth. À la ville, le statut des khatr 稜 est légèrement supérieur à celui des aro リ (commerçants). À la campagne, les j t jouissent de plus de prestige que les kamboh (agriculteurs). Après ces castes viennent des artisans, tels les tarkh n (charpentiers), souvent nommés r mga リh 稜, suivis par les loh r (forgerons), les n 稜 (barbiers) et les chimb (blanchisseurs). Au bas de l’échelle sociale se trouvent les hors-castes c h リ (balayeurs, appelés aussi mazhab 稜) et cam r (corroyeurs, connus également sous le nom de r md si ).Quant aux différences de sectes, elles remontent à l’époque du second gur . On appelle ud s 稜 les Sikhs qui préférèrent えr 稜 Cand, le fils aîné de N nak, au disciple choisi par le gur pour lui succéder. Ils étaient enclins à l’ascétisme, et c’est parmi eux que se recrutèrent les mahant qui géraient les gurdv r avant 1925. De même, le septième gur , Har R i (1630-1661), choisit pour lui succéder un de ses plus jeunes fils, Har Kri ごan (1656-1664). Les partisans de son fils aîné, R m R i, constituèrent une secte distincte, les r m r i , dont le fief est à présent Dehr D n, en Uttar Prade ご. D’autre part, certains Sikhs prétendirent que la lignée des gur humains avait continué après Gur Gobind. Les band 稜, disciples de Band Bah dar, ont disparu. Mais deux mouvements de réforme nés au XIXe siècle ont survécu autour de gur vivants. Les nira face="EU Updot" 臘k r 稜, apparus au temps de Rañjit Si face="EU Updot" 臘gh, restent attachés au seul culte du Dieu sans forme. Les n mdh r 稜 sont les héritiers de R m Si face="EU Updot" 臘gh (1816-1885), qui se prétendait la réincarnation de Gur Gobind et dont les disciples s’en prirent violemment aux musulmans avant d’être réprimés par les Britanniques.
Encyclopédie Universelle. 2012.